INTERVIEW PAS NORMAL STUDIOS

KARL-OSKAR OLSEN

C’est à travers son image, son style, ses coupes, coloris et son parti-pris graphique – auxquels on adhère carrément – que nous avons voulu en savoir plus sur ce nouveau phénomène avec cette interview Pas Normal Studios. Nous n’étions pas au bout de nos surprises quand nous avons appris que le fondateur de la marque n’était autre que Karl-Oskar Olsen, créateur de la marque de prêt-à-porter Wood Wood, grand amateur de cyclisme depuis son enfance. Rencontre avec un personnage dont les deux passions ont donné naissance à une marque de cyclewear premium : expert en mode, observateur, cycliste, prescripteur… un question-réponse pas normal.
Interview pas normal studios
interview pas normal studios

— L’idée, c’était de créer
un produit qui offre l’équilibre parfait
entre style et fonction.

Comment vois-tu le cyclisme, et plus particulièrement l’industrie grandissante du vêtement de cyclisme ?
Le vêtement de cyclisme est un domaine très difficile dans le sportswear, parce que nos consommateurs sont les plus attentifs à la qualité et aux détails. Je pense que c’est ce qui explique pourquoi des grosses marques comme Nike et Adidas n’ont jamais vraiment réussi à percer. Pendant des années, la « vieille » industrie du cyclisme n’a pas vraiment tiré profit de l’intérêt grandissant pour le cyclisme. Jusqu’à récemment, les plus grandes marques n’ont pas su faire évoluer les choses. Aujourd’hui, on dirait que le changement commence à arriver : on commence à voir plus de produits innovants, de détails et de technologies conçus pour une meilleure performance. Mais je crois que le meilleur est encore à venir. Je pense que les « nouveaux » consommateurs savent mieux ce qu’ils veulent, et s’intéressent plus à la mode. On voit apparaître des nouvelles tendances dans l’habillement et le style des cyclistes.

Visionnaire, ou simplement passionné de cyclisme. Comment t’est venue l’idée de créer Pas Normal Studios ? Et qu’est-ce qui t’a conduit à utiliser ce nom ?
Je suis né dans une famille de cyclistes traditionnelle. Mon frère faisait de la compétition de haut niveau et il a fait partie de l’équipe nationale. Mon père aussi faisait de la course : quand mon tour est arrivé, j’ai juste suivi le mouvement. J’ai gagné ma première course à treize ans. Mais ensuite j’ai découvert le skateboard, et je n’ai plus utilisé mon vélo jusqu’à mes 25 ans. Nous avons décidé de créer Pas Normal Studios après des conversations interminables pendant nos entraînements. Nous étions convaincus qu’il y avait un manque dans le marché, et nous voulions agir là dessus. L’idée, c’était de créer un produit qui offre l’équilibre parfait entre style et fonction. C’est une manière de montrer que les vêtements de cyclisme peuvent refléter l’entourage de cyclistes qui nous ressemblent. Avec mon expérience de créateur de mode et de passionné de cyclisme, je me suis dit que j’avais des idées à apporter sur ce sport. C’était vraiment naturel pour moi.

Nous avons choisi le nom Pas Normal studios parce que c’est comme ça que nous nous voyons : pas normaux. Nous aimons sortir de l’ordinaire, et en général nous aimons les gens qui ne font pas les choses comme tout le monde. Le « studio », c’est notre plateforme pour créer des produits ou des contenus en collaboration avec d’autres marques, mais c’est aussi l’idée que nous sommes une marque dans le sens moderne du terme, qui ne se donne pas de limites.

Qu’est-ce qui t’a conduit à utiliser ce nom ?
Nous avons choisi le nom Pas Normal Studios parce que c’est comme ça que nous nous voyons : pas normaux. Nous aimons sortir de l’ordinaire, et en général nous aimons les gens qui ne font pas les choses comme tout le monde. Le « studio », c’est notre plateforme pour créer des produits ou des contenus en collaboration avec d’autres marques, mais c’est aussi l’idée que nous sommes une marque dans le sens moderne du terme, qui ne se donne pas de limites.

Que faut-il prendre en compte pour pouvoir évoluer dans l’industrie du cyclewear ? Au-delà de la technologie, à quoi faites-vous attention lorsque vous créez des vêtements de cyclisme ?
Nous essayons de trouver le juste équilibre. Je dois faire attention de ne pas favoriser une seule direction, entre la fonction et le style. Si je mets l’accent sur la fonction, il faut que je me rappelle que notre objectif n’est pas d’être à la pointe de la technologie. Et nous ne voulons pas non plus nous concentrer seulement sur le style et le côté esthétique. Je ne pourrais jamais m’orienter uniquement vers le côté « mode », cela ne marcherait jamais pour du vêtement de cyclisme. Mon principal souci, c’est de trouver cet équilibre entre tous les éléments du vêtement.

— Nous sommes tous assis sur un selle, nous respirons le même vent, nous sentons la pluie, la douleur.

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— Il est tout aussi important de travailler localement avec les petits groupes de cyclistes que sur le plan international

Cyclewear. Quelles sont les caractéristiques des vêtements Pas Normal Studios ?
Je dirais simplicité, créativité, qualité et allure. Je dessine des vêtements que je porterais moi-même à vélo, et je veux qu’ils reflètent les tendances de notre société. Le passé ne m’intéresse pas – même si j’ai beaucoup de respect pour la vieille école du cyclisme. J’ai le nom de Fausto Coppi tatoué sur le bras droit. Ce que je veux, c’est créer quelque chose qui donne l’impression d’être spécial. Si tu roules en Pas Normal Studios, alors je sais que tu es quelqu’un qui aime faire les choses à sa manière.

Les saisons. Est-ce que le fait de travailler dans le cyclewear a transformé ta manière de penser les saisons et les collections ? Est-ce qu’il y a des saisons en cyclewear, ou bien est-ce qu’il s’agit plutôt de vêtements de demi-saison ?
Actuellement, dans les collections, les saisons sont un peu plus mélangées qu’avant. L’entraînement des cyclistes a changé, même si on doit continuer à créer des vêtements qui suivent les saisons. En général, on achète plus de vêtements d’été que d’hiver, parce qu’on roule plutôt quand il fait beau. Et puis on voit arriver des nouveaux éléments comme le cyclocross, qui est devenu vraiment important sur le marché et qui concerne une nouvelle génération de cyclistes. Pour ceux qui font de la route, en hiver, le cross est une bonne alternative aux entraînements dans des conditions météo très dures. D’ailleurs, j’en profite pour vous signaler que Pas Normal Studios va créer une collection de cross mi-saison pour l’hiver 2016.

Graphisme. Une seule police typographique, un style très sobre : tes intentions en design parlent pour elles-mêmes. Es-tu influencé par le design scandinave ?
Je voulais un logo qui soit à la fois passe-partout et subtil, qui reflète une simplicité qu’on ne trouve que trop rarement sur notre marché. Et puis c’est quelque chose que je faisais depuis longtemps avec Wood Wood, donc ça m’a semblé naturel d’utiliser cet élément. J’ai une préférence pour le design scandinave, mais j’essaie de le replacer dans un contexte plus moderne.

Road to nowhere. Quelle est ta philosophie pour rouler longtemps ?
80 % du temps je roule seul, c’est une forme de méditation. Et les 20% restants, je les consacre à la compétition avec mes amis. J’aime sentir une connexion avec la route. « Road to nowhere », c’est un hommage à toutes les routes du monde sur lesquelles on peut rouler en vélo.

Communication. Du cyclewear haut de gamme, un design sobre et des photos de rides brutes de décoffrage. Rien que de l’authentique. Que nous réserve la future communication de Pas Normal Studios ?
La communication et le produit doivent fonctionner ensemble. En tant que designer, je suis pour le « less is more ». Et en communication Pas Normal Studios des nouvelles pubs délirantes : ce n’est vraiment pas notre élément. De nos jours on trouve tout sur internet mais pour une marque comme Pas Normal Studios, qui se concentre sur la performance, il est tout aussi important de travailler localement avec les petits groupes de cyclistes que sur le plan international. Le plus important pour nous, c’est de communiquer le fait que chezPas Normal Studios, nous sommes tous des cyclistes. Tout ce que nous racontons doit être authentique.

Mode et cyclisme. Quelles différences remarquez vous entre l’industrie du cyclewear et la mode prêt-à-porter ou commuter ? Est-ce que vous pensez qu’il est impossible pour les deux d’évoluer séparément ?
C’est une des principales raisons pour lesquelles nous avons décidé de créerPas Normal Studios. Pendant des années, j’ai dessiné des collections de mode qui faisaient référence au cyclisme ou au running – c’est par exemple ce que l’on voit avec des marques comme Prada ou Paul Smith, mais on ne voit jamais le contraire. Pourtant, actuellement, on peut repérer des éléments de mode dans le running, et dans la plupart des sports les plus populaires. Et il y a des tonnes de petits clubs de cyclisme et de petites marques qui font des tenues avec des motifs délirants, mais je ne pourrais jamais rouler avec ça. Chez Pas Normal Studios, on préfère un look plus minimaliste. On essaie de créer un hybride entre le style et la performance.

Influences réciproques. Est-ce que Wood Wood est influencé par Pas Normal Studios ?
J’essaie le plus possible de dissocier Pas Normal Studios de Wood Wood. Cela dit, j’ai toujours été influencé par le sport dans mes créations. J’appelle ce que je fais pour Wood Wood du sportswear sophistiqué. Depuis des années, beaucoup des vêtements que nous avons faits pour Wood Wood font référence au cyclisme : si je ne me trompe pas, dans toutes nos collections depuis 2009, il y a toujours un petit détail ou un graphisme qui y renvoie.

L’avenir. Comment vois-tu le cyclewear évoluer dans les années à venir ?
Autrefois le cyclisme était le sport des classes populaires. Il s’est totalement transformé pour devenir un sport des classes moyennes aisées. C’est quelque chose que l’industrie va devoir prendre en compte. Mais ce n’est pas parce que les cyclistes ont plus d’argent qu’ils ont forcément du goût. C’est pour cela que j’essaie avec Pas Normal Studios de créer le meilleur compromis possible entre fonction et style.

— En tant que designer, je suis pour le “less is more”.

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